Se rafraichir les idees.. [1° Jour]

J'avais autant de résistance lorsque Shizu m'eloigna de son corps qu'une poupée de chiffon. Les paroles de Shizu se brulaient en lettre de feu dans mon esprit, alors je l'ecoutais attentivement. ce que je connaissais, le seul "amour" que j'avais connu, était entièrement faux?

Aussi bien me pointer d'un fusil et me dire de sauter en bas d'un gratte-ciel, tant je me sentais soudainement malade, ne comprenant pas entièrement comment on avait pu me mener ainsi en barque. Tout cela me semblait presqu'irréel, trop douloureux pour simplement des mots. Je regardai Shizu se lever, aller se vêtir, et se cacher dans les toilettes. je levai faiblement une main, tentant de la retenir, avant de me laisser tomber au sol. Je restai silencieuse près d'une minute, avant de me relever, me sentant malade, dégoutée, de tout ceci. Je m'appuyai le dos au mur, tentant de me reconforter en m'enserrant dans mes bras.

"Alors... personne ne m'aime, et ne m'a jamais aimé..."

Cette réalité, elle me faisait mal. Très mal. J'aurais pleuré, mais j'avais l'impression que je n'avais plus de larmes a verser sur mon sort...

Ignorant tout de la souffrance que je causais a Shizu, je marchai lentement jusqu'à la douche. L'eau chaude me coulant de nouveau sur la peau, je désirais presque m'y perdre. Je semblais être une statue de platre, laissée sous l'eau, mes cheveux me glissant sur le visage de nouveau, je n'avais plus l'énergie de les repousser en arrière. Je resterais sans doute là longtemps, le coeur et l'ame vidés de tout, ma vitalité drainée.

J'entendis vaguement un déclic, lorsque Shizu décida enfin de sortir de son isolement. Elle semblait peinée, ses yeux rosis par les larmes qu'elle avait versées, et tentées de me cacher. Peine perdue. Je ressentis un pincement au coeur, mais l'étouffai rapidement. Je devais sembler être une vision de film d'horreur, mes cheveux cachant mon visage a l'exception d'une ligne descendante, laissant entrevoir un de mes yeux. Je ne m'attendais plus a rien d'elle, autre que de la douleur.

"Sauve-toi, laisse-moi, oublie jusqu'a mon existence" lui dis-je.

Comme eux, ceux qui m'aimaient, pensai-je, amère. Heureusement, l'eau de la douche cacha les larmes qui perlaient a mes yeux. Je me retournai, m'attendant fort bien que cette fille fasse ce que je lui avais dit.

L'eau était chaude. La chaleur, c'est bien. Voila tout ce qui me passait par la tête en ce moment

J'entendis le cri de Shizu. Ce son, il semblait... familier. Je l'entendais résonner en moi, et je sentis que Shizu comprenait exactement ce qu'elle m'avait imposée. Lentement, avec des bruits mouillés, je sortis de mon petit monde d'eau que je venais de me trouver. je marchai, quelques peu titubante, vers la porte de la cabine dans laquelle se cachait Shizu. Je tentai faiblement d'ouvrir la porte, que Shizu avait fermée a clé. Je m'appuyai contre la porte, sentant presque la douleur qui les faisait se ressembler, deux soeurs entièrement différentes mais connaissant cette douleur.

"Shizu..." mon ton de voix etait calme, bien que je ressentais encore en moi la douleur et la tristesse. "Sort, ou laisse-moi entrer, je t'en pris..."

Je posai la main contre la porte, appuyant faiblement de sorte que, si Shizu déverouillait, la porte s'ouvrirait.

"Ne souffre pas pour moi. Je t'en pris... Laisse-moi etre avec toi"

Je détestai le son de soumission totale que j'avais. Une partie de moi me disait de prendre mes vetements, et de filer, mais je n'arrivais a m'y résoudre.

Patiente, je l'étais grandement. J'écoutais Shizu pleurer, seule dans sa cabine de bain, quelques minutes. Je me sentais triste moi aussi, et je ressentais vaguement sa douleur, la mienne commençant rapidement a se fermer, me laissant une sensation de vide. J'entendis enfin le déclic, et ma main poussant la porte s'enfonça quelques peu, ouvrant lentement.

Dans la cabine, assise sur la toilette, se trouvait Shizu. Non pas celle que tout les gens connaissaient, mais la vraie Shizu, une fille ayant mal, et qui ne pouvait que s'ouvrir lorsqu'on la blessait. Les mains couvrant son visage laissaient passer quelques larmes. Encore maintenant, je sentais qu'elle voulait me garder loin d'elle. Je glissai ma main dans ses cheveux, et, d'une force quelques peu surprenante, j'écartai les mains du visage de Shizu, avant d'aller poser mes lèvres sur les siennes. Avant de liberer ses mains, j'appuyai la tête contre son épaule. Je laissai mes mains descendre jusqu'a pouvoir la serrer contre moi. J'allais la mouiller, mais je n'en avait cure en ce moment.

Je ressentais Shizu se relaxer quelques peu contre moi, ne cherchant plus a cacher ses pleurs. Combien de temps avait-elle souffert en silence de tout ceci? Je ne pouvais dire. La serrant quelques peu plus fort, je commençai quelques peu a la bercer.

"The pain we feel will mark forever
burns our bodies, like a fever
we've seen too much in short a'time
we wait for now, waiting for time

we've been burdened with this pain
standing alone in this harsh rain
We were both lost, but now we're found
don't cry no more, don't make a sound"

je chantais paisiblement, composant au fur et a mesure que les mots franchissaient mes lèvres. Je ne pleurais pas, je ne me sentais pas dans un etat vraiment "triste", simplement "vidée". Je serrai encore Shizu contre moi, cherchant a lui offrir la chaleur dont elle avait besoin.

je fut quelques peu heureuse de sentir Shizu se calmer quelques peu. Je laissai le silence tomber sur nous, ne cherchant plus a dire quoi que ce soit. Les mots se trouvaient a etre rendus inutiles a ce point, bien que Shizu trouva necessaire de me remercier. Pourquoi, cela m'échappa, mais je me contentai de hocher faiblement la tête. Je commençai lentement a passer une main dans les cheveux de Shizu, les lissant quelques peu, tenant la jeune femme contre moi de l'autre. Je m'éloignai un peu, un instant, et, d'une main tendre, essuyai une larme qui avait échappée a Shizu. Les plans "d'amour" que j'avais eu plus tot, ils n'étaient plus que de vagues souvenirs.

"C'est plus a moi de te remercier, Shizu, mais ne te fais plus mal comme cela."

Sur ces simples paroles, je sortis de la toilette, et allai commencer a m'habiller. Les vetements me collaient a la peau, mais je n'en avais cure en ce moment. Je ressentais encore ce vide abyssimal dans le creux de mon ame, mais, lorsque je repassai devant la porte de la cabine contenant Shizu, je fit un sourire que les gens trouvaient si mignon. Je revins serrer la Shizu dans mes bras.

je me laissai embrasser sans faire d'histoire, ni faire quoi que ce soit, en fait. Etait-ce de l'affection que Shizu me demontrait? de l'amour? Quoi, exactement, je ne savais pas trop, et je ne savais pas a quoi exactement m'attendre. Comprenant que de laisser cela simplement passer eveillerait les soupcons de Shizu, je lui rendis son baiser, bien qu'après hésitation

Je restai dans la cabine alors que Shizu finissait de se vetir. Lorsqu'elle revint, ce fut pour me demander si j'avais faim. Dans le fond, non, je n'avais certes pas faim, mais plutot envie d'aller me cacher, ailleurs. Ou dormir dans mon lit chaud. Je me sentais la tête légère. Peut-être rester trop longtemps sous l'eau m'avais affaiblie un peu.

"non, merci, je n'ai pas vraiment faim, je n'ai jamais beaucoup mangé, mais merci de demander"

Sourire, puis se relever. Je sentais que j'allais bientot devenir une machine. Je voulais la paix, un endroit bien a moi, loin de ces gens. Je me dirigeai vers la porte pour sortir des douches.

"Si tu as faim, tu peux aller manger, moi je crois que je vais aller me coucher. Je commence a fatiguer. Bonne nuit, Shizu, a tantot"

Sur ce, je tournai les talons et quittai, le rythme de marche régulier. Direction, le toit.